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Chroniques de la rentrée littéraire: qui a eu cette idée folle ?

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Qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer …

Empruntons à France Gall ces rimes si poétiques et parlons de la rentrée. La rentrée est le symbole des cartables et feutres à acheter, et du retour devant la machine à café après le soleil de l’été. S’il est un point commun entre écoliers et éditeurs, c’est bien la rentrée. Septembre est le moment pour les éditeurs de se présenter sous leur meilleur jour, en espérant jouer dans la cour des grands et obtenir un satisfecit en novembre si possible : le Goncourt pour les grandes classes, ou un de la dizaine d’autres prix existants.

Chaque année donc en septembre, le lettreux sort de son trou pour observer la rentrée littéraire. Et chaque année, un tsunami de papier le submerge lui, et la table de son libraire. 659 romans pour cette rentrée et estimez vous chanceux, le nombre est en baisse pour 2009 ( 670 environ l’année dernière). Imaginez vous devant la table du libraire avec 659 exemplaires étalés devant vous et un budget de 100 euros obligeant à faire un choix. Plusieurs techniques sont possibles : la lecture de la quatrième de couverture de façon méthodique ( prévoir une journée) , le repérage à la couverture la plus avenante ( plus facile de tomber sur un bon marketeur que sur un bon écrivain), se munir d’un Télérama, le Monde des Livres ou autres et suivre les chemins balisés ( selon le journal choisi Christine Angot ou François Bégaudeau sont des génies cqfd…) ou le pifomêtre qui au mieux peut permettre la découverte au pire le gaspillage. Bref, pour des amoureux de la littérature, comme moi, cela signifie toujours passer à côté de romans qui mériteraient un écho, un public.

Personnellement, j’attaque un entraînement psychologique et physique de haute volée dés le mois de juin pour ne pas me noyer en septembre : éplucher les catalogues des à paraître des maisons d’édition, préparation en amont de ma banquière, changement de lunettes, achat de carnets de notes. Malgré tout je passe toujours à côté d’un ou deux romans que je découvre des années après. Rageant ! Mais cette année, la lumière est venue à moi et la solution s’est imposée : pourquoi ne pas utiliser la merveilleuse ressource qu’est internet correctement ? pourquoi ne pas rendre communautaire ce défi que représente les 659 romans ? bref pourquoi ne pas utiliser les média sociaux pour choisir et aimer les livres de cette rentrée ?

Ce n’est pas le tout d’être touchée par la lumière et de se prendre pour Bernadette Soubirous encore faut-il que le reste du monde croit à votre miracle ! Et là, des dizaines d’immaculées conception de pacotille vous le diront : c’est difficile, il faut expliquer. Le web regorge d’amateurs de littérature éclairés qui discutent sans véritable passerelle d’achoppement de blog à blogs de leur passion. Les avis fusent et se diffusent et il est notable de voir la différence de point de vue existant entre les média traditionnels et le net. Evidemment, on peut me répondre que les journalistes eux sont très éclairés alors que nous apparemment nous n’avons la lumière qu’au fond de notre grotte. Pourtant sans être ségoléniste dans l’âme, je pense que les lecteurs sont les meilleurs experts de ceux qu’ils lisent : le vrai pouvoir de recommandation c’est eux qui le détiennent, rien de mieux qu’un ami vous offrant un livre pour avoir envie de lire. Après une discussion passant de Fleisher à Vialatte (surtout Vialatte !), Raphaël Labbé de Ulike et votre Bernadette Soubirous, se sont associés autour de cette idée folle : faire chroniquer la majorité de la rentrée littéraire par le net. Cette discussion littéraire que nous avions envie de partager avec le plus grand nombre est le véritable acte de naissance, le Noël de Chroniques de la rentrée littéraire.

Avant de vous distribuer en cadeau les chroniques, ce fut un long périple digne de la traversée du désert des rois mages, vers ces 659 impossibles étoiles. Comme votre servante Bernadette et Raphaêl n’avaient aucune envie de porter le poids de la rentrée littéraire seuls (659 multiplié par 500g en moyenne, faites le calcul ), nous nous sommes alliés d’autres illuminés littéraires. D’abord, Notre bonne Dame de la Librairie priez pour nous, Magali Porlier de Silicon Sentier. Cette association à la pointe des nouvelles technologies nous a offert un lieu, son expertise et toute sa bonne volonté et surtout sa patience dans le contact avec les éditeurs. Ensuite, Sainte-Cher-Bibliothèque de son petit nom Chermedia qui s’est jetée dans le défi avec ferveur, heureuse de faire chroniquer des ouvrages inédits par ses participants. Puis, la Babel du livre nous a rejoint , parlant le même langage d’amoureux des livres que nous : Babelio. Et enfin, ceux qui ont transportés nos paquets sur le net jusqu’au pied du sapin, Aurélien et Tom, nos deux anges du code, ont réalisé le joli paquet cadeau qu’est le site.

Bon c’est pas tout de faire les ravis autour de la crèche, mais il a tout de même fallu remplir les cadeaux. Et là autant vous le dire, pas de petits elfes pour nous seconder. Le poids du traîneau s’est fait lourd auprès des éditeurs. Nous les avons contacté un par un leur expliquant notre miraculeuse idée et les invitant à communier avec nous sur le net. Je peux vous dire que nous avons croisés beaucoup d’impies ! Si une inquisition du net existait, le monde des éditeurs auraient beaucoup de grands brûlés à déplorer. Je ne voudrais pas jeter d’anathème nominatif mais dans la série des blasphèmes, nos oreilles ont souffert de phrases du genre : « mais le net cela ne sait pas lire, je préfère déjeuner avec le critique de Libération » ou « une plateforme, ca a quelle forme ? » ou « bloggeur ca veut dire quelqu’un qui raconte sa vie sur le net, quel intérêt ? ». Certains géants de l’édition sur nos épaules de nains d’amateurs de littérature ont même participé du bout des lèvres, pour ne pas dire pas du tout ( allez voir notre liste vous les reconnaitrez). Bref, récupérer une majorité des romans de la rentrée littéraire ne fut pas une sinécure.

A l’inverse, le bloggeur est croyant, voir fanatique. Lorsque nous avons proposé ce défi aux bloggeurs de chaque communauté et à ceux extérieurs à celles-ci, les mains se joignant pour recevoir le roman ostie de la rentrée en exclusivité et pour déposer sur notre site l’obole d’une chronique ont rempli notre sacristie ! Et il n’est de meilleure religion que la littérature, qui grâce à ses fidèles a réussi le défi de soulever le poids de la rentrée, joyeusement, en chantant un gospel pour convaincre les impies : « Ohhhh happy rentrée… quand le bon roman viendra … et il viendra…. Nous saurons le recommander ». L’auteur aussi est croyant puisque certains d’entre eux viennent participer, en rédigeant des chroniques pour certains, en commentant pour d’autres, en nous envoyant leur roman. Les auteurs dans leur infinie sagesse nous ont accordés des interviews , petits suppléments d’âmes que nous destinons à nos lecteurs et dédicaçons à nos chroniqueurs.

Noël pour nous sera en octobre cette année: le jour où nous pourrons au travers des coups de cœur que nous mettons en valeur et par le vote des lecteurs et des bloggeurs, offrir en cadeau un prix au meilleur chroniqueur, celui qui est l’oublié des rentrées, celui qui fait l’effort d’avoir une bonne plume après le plaisir de la lecture, et un podium des romans, plébiscités par nos lecteurs. Et moi Bernadette, je vous invite à venir déballer les cadeaux avec nous ce jour-là et en attendant le champagne, de grignoter quotidiennement en apéritif les chroniques du site.


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